vendredi 13 février 2015

Futilité complète du soir : "mourir à 75%"


Il faut encourager les débats sur tout ce qui n'a aucun sens. Je demeure persuadé que c'est en décortiquant des absurdités totales qu'on peut partir sur des choses incroyablement intéressantes sans même le soupçonner.
Je m'interdis toujours d'écrire la moindre nouvelle sans avoir fini de lire l'essai de Campbell, mais je trouve constamment des sources d'inspiration pareilles et c'est toujours un plaisir.

Hier, un ami m'a fait une déclaration magnifique et inoubliable. Bon, c'était une simple idée sortie au détour d'une conversation anodine, mais sur le moment il n'a pas forcément pris conscience d'à quel point c'était une mine d'or :

• Imaginons, pour une raison ou pour une autre, tu en veux à un ami à toi. Tu le tues.
• Puis, comme c'est ton ami, tu vas chercher les Dragon Balls pour le ressusciter.
• ...Et le retuer. Parce qu'il te reste quand même deux voeux, alors tu peux recommencer un peu.
• Et à la fin, selon ton humeur, tu le laisses vivant ou mort. Disons vivant, parce que c'est ton ami.
#bromance

SÉRIEUSEMENT. VOUS TROUVEZ PAS CETTE IDÉE FURIEUSEMENT GÉNIALE ?

Il y a un potentiel énorme là-dedans. Et si on généralisait le truc ?

Problème du soir : Etant donné un univers parallèle avec des Dragon Balls infinies, plusieurs Shenron, et un nombre de voeux infini, est-ce qu'à la fin mon pote est vivant ou mort ?

En fait, c'est une version un peu plus attirante et mathématique du problème du chat de Schrödinger.

• Plus attirante, parce qu'il y a la référence culturelle dessus, et aussi parce qu'on parle de tuer un mec à répétition, et que la violence, c'est rigolol.
• Plus mathématique, parce que tout ça reprend exactement le problème de la suite de Grandi, sur lequel je m'étais déjà arraché les cheveux étant gamin, c'est-à-dire déterminer combien font 1-1+1-1+1-1+1-1+1...

Et si on part sur cette piste-là plutôt que sur celle de la physique quantique (parce que ça n'est pas donné à tout le monde, et encore moins à 1h du matin), on obtient quelque chose d'intrigant aussi.
• Je tue mon copain : -1
• Je ressuscite mon copain : +1
Et en général, on considère que cette suite "devrait" tendre vers 0.5. Sauf qu'ici, je commence par tuer mon pote, pas par le ressusciter. Donc on ne cherche pas à résoudre 1-1+1-1... mais -1+1-1+1... et l'on va tendre vers -0.5.

Alors, si -1 signifie "mort" et +1 "vivant", dans quel état vais-je le mettre si j'ai des voeux infinis ? Il sera... aux trois-quarts mort ? Uh, ça n'est pas très engageant en fin de compte. En fait, ça ne veut même rien dire. Ça n'est qu'un chiffre. Mais c'est une perspective un peu horrible, et ça peut faire penser à un zombie. Et ça nous fait repenser le concept d'amitié aussi, et la soi-disant noblesse de l'acte de ressusciter son ami
"Je tiens à toi alors je ne te laisse pour mort qu'à 75%."

75%. Ça ne tend même pas vers 0 histoire de faire moitié-moitié ! Le point de vue quantique est carrément moins pessimiste sur ce coup.

Conclusion de cette histoire : ERWIN SCHRÖDINGER ÉTAIT UN BISOUNOURS IDÉALISTE.


J'espère ne jamais oublier ce raisonnement parce qu'il est totalement exploitable (et perfectible) et détournable dans un tas de contextes différents. Enfin je ne risque pas, c'est précisément pour ça que j'en ai pris note.

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