dimanche 24 janvier 2016

Et si j'écrivais ?


Imaginons. Je dis bien IMAGINONS. Que j'aie envie d'écrire.

Oui oui oui, écrire, bien qu'au premier abord ce soit un passe-temps qui sonne relativement ambitieux voire ridicule, parce qu'entre douze et quinze ans tout le monde s'est déjà essayé à la fiction, et l'a probablement amèrement regretté. Mais je suis curieux ! Et peut-être un peu culotté, ou stupide, parce que je suis encore loin d'avoir lu les incontournables qui devraient constituer mes références avant de vouloir faire quelque chose de complet et d'intéressant.

Aussi, je suis mal barré, parce qu'après à peine un paragraphe, je fais déjà des phrases trop longues à mon goût, et puis regardez ces tournures, bordel, "faire quelque chose de complet et d'intéressant", paye ta pauvreté lexicale. Je suis aussi un peu refroidi par le fait qu'en 2016, les gens qui écrivent des choses finissent quasi-inexorablement rangés dans une case parmi deux possibles : les "gros fragiles" ou les "grands écrivains", or la limite est aussi fine que lointaine. Néanmoins, s'y atteler par curiosité, c'est fun ; du coup, malgré tout, j'ai bien envie d'essayer de ne devenir ni l'un ni l'autre.

Ainsi démarre ma première histoire, écris-je en me dépêchant de reboucher le quatrième mur : l'histoire d'un ennui profond par une après-midi d'hiver vraiment laide, et qui finit par me conduire à écrire, en se demandant où tout cela pourrait mener.

Alors sur ce, j'écris, parce que cette histoire ne va pas apparaître toute seule, et je récupère ma concentration, replongé dans une atmosphère musicale beaucoup trop forte pour que quiconque puisse s'entendre penser (et pourtant je trouve ça plutôt efficace, allez savoir). De toute façon, mieux vaut que je reste entre ma chaise et mon écran, vu l'état actuel du ciel ; il fait quasiment nuit, il fait gris, il fait froid, il y a du vent, on nage en plein dans cette ambiance déprimante stéréotypée qui dissuade tout le monde d'aller dehors. Qu'est-ce que je pourrais faire de plus de ma soirée ?
Rien qu'en y réfléchissant, je me retourne et je vois deux arbres morts par ma fenêtre, qui cachent (ou du moins essayent) tout un groupement d'immeubles dont pas un seul appartement n'a l'air occupé. Fenêtres fermées, lumières éteintes. Un quartier de banlieue tout morose en somme.

Je suis las de décortiquer mon environnement visuel qui est vraiment tout sauf inspirant, alors je continue à rédiger jusqu'à ce que ma notion du temps tombe en lambeaux.

De fil en aiguille, et après une relecture brève, je devine que les lecteurs qui sont peu habitués à ce style d'écriture plus lourd vont s'ennuyer, ou au moins reprocher la densité des descriptions et le fait que tout cela tourne beaucoup autour du pot. "C'est vrai quoi, on est pas dans un roman !" C'est vrai. Mais pour ce genre de réclamations, vous irez vous adresser à l'auteur. Ça n'est pas du tout de ma faute, uniquement celle de l'auteur. Moi je suis simplement le narrateur et héros de cette histoire, alors calmez-vous tout de suite. Vous croyez que c'est moi qui ai tout imaginé juste parce que vous lisez ceci avec ma voix ? Non ! Je suis à mon bureau en train d'écrire et il fait très moche dehors, c'est tout. Si je pouvais choisir le temps qu'il fait, je le saurais...

En revanche, puisque c'est MON histoire, j'y fais ce que je veux. En plus, depuis votre statut de lecteur, vous êtes tous totalement impuissants, parce que ce récit, par définition, a déjà été écrit jusqu'au bout. Ce qui fait que vous êtes à ma merci et vous ne pouvez plus changer son déroulement. Du tout. ALLEEEEZ. ALORS, QU'EST-CE QUE TU VAS FAIRE ? HEIN ? GROS MALIN.

Je pourrais aussi altérer votre expérience de façon irréversible en lançant des spoilers alors que le coeur de l'action n'a pas encore véritablement commencé. D'ailleurs, le héros meurt à la fin. VOILÀ. Vous ne pourrez plus du tout vous y attacher de la même manière à présent. De rien~

Bon. J'ai quand même une histoire à écrire. Introduisons.

Je reviens à mes moutons. De l'autre côté de ce groupement d'immeubles vit une petite famille calme : les Smith. Ils passent toujours l'hiver à jouer, lire et cuisiner ensemble, et aujourd'hui ne faisait pas exception. John Smith était un homme sympathique au demeurant, et cette soirée démarrait bien : il allait fêter son premier anniversaire de mariage. Quand soudain...

...

NON

NON NON NON

• C'est une situation on ne peut plus bateau.
• La façon même de l'introduire est terriblement mauvaise et ne donne absolument pas envie de savoir ce qu'il va advenir de ce John. Qui s'intéresse à dépeindre ce genre de banalités de nos jours ? Je me le demande vraiment.
• D'ailleurs, "John Smith", sérieusement ? Cette onomastique est À CHIER
• Et de toute manière, tout le monde sait déjà qu'il va mourir, parce que je l'ai dit deux paragraphes plus haut. Impossible de s'intéresser à ça.

On va changer d'histoire.

Cette fois-ci, ce sera une narration qui accroche réellement, qui pourra même finir sur un cliffhanger. Quelque chose de psychologiquement déstabilisant, où tout le monde se pose des questions sur la nature même ce qu'il est en train de lire. Mais une chose sera sûre : chacun, à sa façon, va trouver ça marquant, même s'il reste sur sa fin. Ce sera révolutionnaire. Et vous savez comment je vais construire ça ? Je vais

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